funeste que le mal meme aoquel il servait
de palliatif. II etoil encore accoutume depuis sa plus tnndre jeunesse a
prendre
one grande quantite de caffe et il navait pas meme perdu cette habitude dans un
age oh cette liqueur et
general nuieible pouvoit aggraver le mal aoquel il devenoil de jour en jour plus
expose; mais
soit que Fusage du caffe lui rat devenu necessaire soit que 1habitude den
prendre lui en eut rendu la privation trop
penible il est certain quil en usoit inmoderement. Environ douze ou quinze
jours avant sa mort il avail propose a lAcademie Francoise de changer le plan
du Dictionnaire au-quel cette savante compagnie travaille sans ceese. II
avail expose ses idees a eel sujet
avec beaucoup tfeloquence et de clarle. On lui fit quelques objections fort
sensees il y reponditde son mieux
et par respect pour une autorite dun si graad poids on parut se preter a ses
vues on les adopta meme on en lint registre et les excellents ecrivains qui
composent ce oorps partagerent un
travail qui sembloit devoir accelerer la publication du
Dictionnaire et contribuer meme a le rendre plus utile et plus instructor. La
seance suivante il voulut achever de
persuader ceux qui navaient pas goute son plan de travail il setoit meme charge
de lire a lAcademie plueieurs articles quil vou-loit faire dapree son
nouveau plan. Ceprojet 1occupoil sans
cesse il en parloit a tons ses amis. Lexecution lui en
paroissoit facile et son eloquence avail lellement echauffe ses confreres que
tout
le monde paroissoit dispose a se conformer a ses vues. Le jour quil alia a
lAcademie dans
le dessein de faire sentir plus fortement encore
les avanlages du plan quil avait concu il crut quil devoit employer toute son
eloquence et pour sexalter 1imagination il prit dans la matinee huit lasses de
caffe.
II alia ensuile a lAcademie parla fort longtemps avec une force un
enthousiasme qui tenoient de Inspiration et de Iorgasme. Ses yeux
8enflammerent plus
encore que de coutume la flamme du genie brilloit sur son front. Toutes les
objections quon lui faisoit disparoissoient devant la
force de son eloquence: on se tut. II acheva de faire
sentir Futilite et la necessity de suivre son plan et toute lassemblee se ran
gea de son
opinion avec la deference quun aussi grand homme meri-toit a tant
des litres.
M-r de Voltaire rentra chez lui
dans un etat de faiblesse et ГРУ-sement qui etoit la suite des efforts quil
avait faits et de la prodigiense impulsion quil avait donnee a toute sa
machine. La nuit fut un pen agitee; il souffrit beaucoup de sa strangurie
peu-a-peu
les douleurs devinrentatroces: il avail besoin duriner et lavessie sembloit
avoir perdu